Opinion - 20 juin 2017
Ecrit par Bertrand Piccard 4 min de lecture
Depuis 2011, année où nous avons fait voler le premier prototype Solar Impulse jusqu'à Bruxelles à l'occasion de la Semaine verte, beaucoup de choses ont changé. La communauté internationale est parvenue à un accord mondial sur le climat réalisable, les énergies renouvelables sont devenues moins chères que les combustibles fossiles, et nous avons réussi à faire le tour du monde à bord d'un avion uniquement alimenté grâce au soleil. La situation est ainsi aujourd'hui très différente de ce qu'elle était il y a six ans.
Aujourd'hui, les solutions pour la lutte contre le changement climatique sont devenues rentables. Cela explique probablement le succès de l'accord de Paris sur le climat, qui offre aux nations une plus grande flexibilité sur la manière dont elles souhaitent apporter leur contribution. Les technologies appropriées sont aussi devenues plus accessibles à un nombre significatif de personnes, qui pour beaucoup peuvent désormais partager leurs idées et leur vision. Nous avons atteint un moment charnière.
Nous devons à présent créer un environnement dans lequel les gens pourront concrétiser leurs idées innovantes et les confronter aux conditions réelles du marché et de la société. Comment y parvenir ? Le thème de la conférence de cette année – “Une énergie propre pour tous les Européens” – est plus qu'un simple objectif, voire un slogan ; c'est une occasion pour le continent de prendre le leadership en modernisant son économie par une transition vers les énergies propres, offrant ainsi une nouvelle vision et de l'espoir aux Européens.
L'un des volets consiste à renforcer la capacité à produire une énergie propre ; une excellente opportunité pour les entreprises européennes, qui détiennent 40 % de tous les brevets relatifs aux technologies renouvelables. L'autre point essentiel est l'efficience énergétique ; se concentrer non pas sur la production d'énergie mais sur la manière de l'utiliser. Le fait que ces enjeux soient au cœur de la stratégie énergétique de la Commission européenne est très prometteur.
À cela s'ajoute le nouvel accent sur les solutions, ce qui est enthousiasmant pour moi et pour l'Europe. À travers la Fondation Solar Impulse, j'ai pour objectif de présenter 1 000 solutions efficientes et rentables à la COP 24, afin d'aider les gouvernements à attendre leurs objectifs fixés dans le cadre de l'accord de Paris. À cette fin, j'ai déjà rencontré la Commission européenne et plusieurs de ses membres, notamment Maroš Šefčovič, Miguel Arias Cañete, Jyrki Katainen et Carlos Moedas, pour discuter d'un partenariat. Cela bénéficiera directement aux innovateurs, aux entreprises et aux citoyens de l'UE. J’attends avec impatience la Semaine de l'énergie durable de cette année ; une nouvelle occasion de rencontrer des personnes qui peuvent apporter des solutions pour faire avancer la transition énergétique.
Pendant trop longtemps, notre approche de l'énergie s'apparentait au remplissage d’une baignoire qui fuit et pour laquelle on laisserait couler l'eau pour maintenir le niveau au lieu d’en colmater la fuite. Cela peut sembler exagéré, mais ce ne l'est hélas pas : nous perdons actuellement la moitié de toute l'énergie que nous produisons à cause de systèmes, d'appareils et de bâtiments inefficients. Lors de la conférence, j'inciterai les participants à adopter un esprit de pionnier, comme nous l'avons fait avec Solar Impulse : remettre en question ses suppositions et certitudes, montrer que les technologies propres peuvent aller plus loin que ce que nous croyons possible, et se concentrer sur les solutions, les solutions et toujours les solutions.
Bertrand Piccard s'est exprimé lors de la semaine européenne de l'énergie durable, qui s'est tenue du 19 au 25 juin 2017. Vous pouvez visionner la Semaine européenne de l'énergie durable en streaming ici.
Ecrit par Bertrand Piccard le 20 juin 2017