Opinion - 22 août 2019

Inégalités - personne n'y gagne

Medellin

Ecrit par Bertrand Piccard 3 min de lecture

Le 26 août 2019, je m'adresserai aux chefs d'États et responsables gouvernementaux lors du 45e sommet du G7, à Biarritz, en France. L'édition de cette année se concentrera sur la lutte contre l'inégalité sous ses nombreuses formes. En effet, les disparités entre les nantis et les démunis ne constituent pas seulement un problème moral. L'inégalité a un impact déstabilisateur sur la politique mondiale et touche chacun d'entre nous. Il est maintenant temps de la combattre.

Penser que nous pouvons nous enrichir sur le dos des autres, les exploiter pour notre seul profit et tirer avantage des inégalités est une stupide illusion ou une vision à très court terme. Cela finira par nous exploser à la figure ; les inégalités, en plus d'être moralement inacceptables, sont dangereuses. Elles engendrent la haine et la jalousie, la violence et l'instabilité sociale. En voyant les quartiers riches de São Paulo barricadés et protégés par des barbelés électrifiés, je me suis dit qu'il était absurde d'en être arrivé là.

Dans le monde économiquement développé, nous assistons à l'érosion de la classe moyenne et de plus en plus de gens vivent dans la précarité, parvenant à peine à joindre les deux bouts. Cette situation catastrophique creusera toujours plus le fossé entre riches et pauvres, diminuant la qualité de vie de la majorité de la population et obligeant les plus riches à verser plus d'impôts et d'aides sociales. Force est de constater qu'il n'est pas dans l'intérêt des plus riches d'accepter les inégalités.

Il en va de même pour le changement climatique ; de notre point de vue de privilégiés, nous regardons le reste du monde bouillir lentement, sans nous rendre compte que tous ceux dont la situation devient invivable viendront bientôt frapper à notre porte – une tendance qui a bien sûr déjà commencé. Et soyons clairs : personne ne déracine sa famille, ne gagne l'autre bout du continent avec les seuls biens qui lui restent et sans aucune idée de ce que l'avenir lui réserve par choix ; c'est un acte de désespoir.

Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les partis politiques traditionnels font si peu, sinon rien, pour résoudre le problème. Là encore, ils agissent contre leurs propres intérêts, ouvrant grand la voie aux dirigeants populistes. En effet, le populisme prospère lorsque les gens se sentent perdants, laissés pour compte et privés de perspectives. L'effet est toxique sur la politique et le discours politique, réduisant l'espace nécessaire à l'élaboration d'une politique efficace qui pourrait justement permettre de trouver des solutions.

La pression s'intensifie et de plus en plus de personnes risquent d'être poussées dans la précarité. Nous devons ouvrir les yeux des acteurs politiques, économiques et sociaux qui peuvent agir pour atténuer ces tensions et faire en sorte que notre société et nos politiques puissent continuer de fonctionner.

Il est particulièrement important de prendre des mesures pour lutter contre les changements climatiques, car même si elles ne régleront pas toutes les inégalités, elles contribueront à résoudre les nouvelles inégalités causées par le réchauffement de la planète. Et en reconnaissant qu'il existe des solutions rentables pour la protection de l'environnement, comme celles que nous cherchons à identifier à la Fondation Solar Impulse, nous pouvons y remédier. Dans les pays les plus pauvres comme dans les pays les plus riches, l'énergie propre et renouvelable peut contribuer à stimuler l'économie, à créer des emplois et à débloquer tous les autres moyens à notre disposition pour accroître la prospérité tout en protégeant l'environnement.

Ecrit par Bertrand Piccard le 22 août 2019

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