Actualités - 6 juin 2024

"L'eau est toujours considérée comme allant de soi

Ecrit par Alessandro Gaillard 2 min de lecture

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Interviews sur le Manifeste de l'UE

En mars, la Fondation Solar Impulse a publié son Manifeste pour l'Union européenne : Moderniser pour prospérer. Le Manifeste, qui compte avec la contribution de plus de 40 parties prenantes, est fondé sur la conviction inébranlable qu'une mise en œuvre efficace et résolue du Green Deal peut apporter et apportera de multiples avantages collatéraux. A l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, nous avons rencontré Water Europe pour discuter, vous l'avez deviné : de l'eau, dans le contexte de l'Union européenne.

Solar Impulse : La disponibilité d'eau propre est une condition préalable à la vie humaine, mais elle est également cruciale pour le développement industriel. Le thème de l'eau a-t-il reçu suffisamment d'attention de la part des décideurs politiques jusqu'à présent ?

Durk Krol, directeur exécutif de Water Europe Durk Krol, directeur exécutif de Water Europe : L'eau est toujours considérée comme acquise et sa valeur socio-économique et environnementale est sous-estimée par de nombreux décideurs politiques. La réponse est donc clairement non, elle n'a pas reçu suffisamment d'attention. Le World Resource Institute prévoit un écart de 56 % entre l'offre et la demande d'eau d'ici 2030. C'est pourquoi nous nous réjouissons de l'initiative du Comité économique et social européen. Le " Blue Deal" de l'UE est la première tentative d'une institution européenne d'obtenir une approche à 360 degrés de l'eau, à partir des utilisations de l'eau et des angles politiques.

Water Europe est synonyme d'une société intelligente dans le domaine de l'eau en Europe. Si nous voulons assurer la sécurité, la résilience et la durabilité de l'eau, nous devons tenir compte de la nature holistique de l'eau. Toutes les sources d'eau disponibles doivent être gérées de manière à éviter la pénurie d'eau et la pollution ; les boucles d'eau et de ressources doivent être largement fermées pour favoriser une économie circulaire et une efficacité optimale des ressources ; le système de l'eau doit être résilient face à l'impact des changements climatiques et démographiques ; et toutes les parties prenantes concernées doivent être engagées dans la garantie d'une gouvernance durable de l'eau.

Disposons-nous de suffisamment d'informations et de données sur l'état de la disponibilité de l'eau douce et sur les limites de durabilité des réserves d'eau de l'UE ? En d'autres termes, sommes-nous suffisamment informés ou devrions-nous approfondir nos recherches ?

Oui et non, dirais-je. Oui, parce que des progrès ont été réalisés dans différents secteurs, tels que les services publics, les acteurs industriels, les agriculteurs ou les autorités locales, pour mesurer et surveiller de plus en plus la qualité et le débit de l'eau en Europe. Non, parce qu'il reste des défis importants à relever en termes de collecte de données et de gouvernance.

En outre, des secteurs stratégiques clés pour l'UE ont déjà reçu des fonds spécifiques, alors que l'une des principales ressources de leurs chaînes de valeur n'a pas été prise en compte : l'eau. Il est intéressant d'examiner des exemples concrets, y compris, mais sans s'y limiter, les secteurs économiques suivants :

  • Hydrogène : 130 milliards d'euros d'investissements de l'UE sont directement associés à des projets d'hydrogène, tandis que les objectifs européens en matière d'hydrogène nécessiteront 90 millions de m3 d'eau, car chaque kilogramme d'hydrogène nécessite 9 kg d'eau ultrapure(Eurowater).

  • Centre de données : 235 milliards d'euros sont consacrés aux investissements numériques dans le cadre du budget de l'UE 2021-2027, tandis qu'un centre de données de 1 MW consomme 25,5 millions de litres d'eau par an.

  • Semi-conducteurs : 43 milliards d'euros sont investis dans le European Chips Act, alors que la quantité d'eau nécessaire par centimètre carré de puce mémoire peut atteindre 21 litres, ce qui implique environ 15 000 litres pour une plaquette de 300 mm.

  • Agriculture : un kilogramme de pommes nécessite 700 litres, tandis qu'un kilogramme de soja requiert 1 800 litres.

Que faut-il faire pour mettre l'eau en valeur et s'attaquer aux problèmes de pénurie et de qualité de l'eau comme elle le mérite ?

Au cours des cinq prochaines années, nous devons faire de l'eau un sujet à part entière, abordé dans toute sa complexité. Dans notre Manifeste pour les élections européennes de 2024, Water Europe demande trois sujets clés :

  • Un vice-président en charge de l'eau.

  • Une stratégie ou un plan d'action pour l'eau.

  • Un fonds de transition bleu.

L'eau est un sujet transversal, et le dernier rapport de la CE sur les risques climatiques l'a souligné, une fois de plus. La nomination d'un vice-président de l'UE chargé de toute la dimension de l'eau permettra à l'Europe de relever stratégiquement les défis auxquels nous sommes et serons confrontés, en brisant l'approche cloisonnée actuelle et en débloquant de nouvelles opportunités pour chaque secteur.

Une stratégie intelligente dans le domaine de l'eau est également nécessaire, car l'eau doit être une priorité pour la prochaine Commission, avec un plan d'action clair. Il ne s'agira pas d'une nouvelle vague législative, mais d'un moyen de placer l'eau au cœur de nos actions et de renforcer notre autonomie stratégique en faisant de cette ressource un atout concurrentiel.

Enfin, une approche globale des défis de l'eau inclut les questions financières et les investissements ex ante en termes de CAPEX et d'OPEX pour tous les secteurs économiques. D'ici 2050, la pénurie d'eau pourrait entraîner des baisses de PIB allant jusqu'à 10 % dans de nombreuses régions du monde, alors que leur mise en œuvre aurait un impact atténuant significatif. À cet égard, l'Europe se trouve dans une position comparativement favorable, puisque la plupart de ses pays ne devraient investir que 0,5 % de leur PIB national pour assurer une gestion durable de l'eau, alors que dans d'autres pays, cet investissement peut dépasser 4 % du PIB. Pour l'industrie, une action précoce pourrait permettre aux entreprises d'économiser plus de cinq fois le coût des risques liés à l'eau, selon le CDP.

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